Un bâtiment surmonté d'une structure inspirée de la Géométrie Sacrée.

Les Grands Bâtisseurs et la Géométrie Sacrée

Pour l’œil avisé d’un bâtisseur, la Géométrie Sacrée s’observe immanquablement dans les vieux temples et les cathédrales imposantes. Alors, comment nos anciens, détenteurs de savoirs mystiques élaborés, se sont-ils appliqués à construire de telles structures ?

Depuis l’Antiquité, la géométrie n’est pas seulement un outil mathématique, mais un langage sacré par lequel les artistes et les bâtisseurs dialoguent avec l’univers. Dans l’art, dans la construction des cathédrales gothiques, des temples anciens ou des monuments mégalithiques, les grilles de construction géométrique sont bien plus que de simples outils de conception : elles incarnent une compréhension ésotérique des lois naturelles et spirituelles.

Quatre modèles de Géométrie Sacrée, basées sur le cercle, le triangle et le carré.

Fondements de la Géométrie Sacrée

La Géométrie Sacrée repose sur l’idée que certaines formes, proportions et motifs géométriques reflètent l’ordre fondamental de l’univers.

C’est un système symbolique et philosophique, mis en application dans les civilisations antiques (Égypte, Grèce, Inde, Chine…). De grandes figures historiques nous en ont transmis les enseignements, entres autres : Pythagore, Platon, Vitruve. Ils avaient notamment la vision d’une architecture en harmonie avec les principes cosmiques.

Au fil du temps, la Géométrie Sacrée s’est invitée dans de nombreuses traditions spirituelles, mystiques, artistiques et architecturales, à travers l’histoire et dans diverses cultures, jusqu’à nos jours.

L’idée d’un ordre universel

La Géométrie Sacrée postule que l’univers n’est pas chaotique, mais organisé selon des principes mathématiques et géométriques précis. Ces structures se retrouvent par exemple dans :

  • La nature : fleurs, coquillages, cristaux, ADN, galaxies…
  • L’art : mandalas, rosaces, vitraux…
  • L’architecture sacrée : pyramides, cathédrales, temples…

Le même ordre géométrique s’exprime dans le microcosme, monde du très petit (cellules, molécules) et le macrocosme, monde du très grand (systèmes solaires, galaxies). Cela rejoint la maxime hermétique :
« Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. »

La proportion divine

Certaines proportions géométriques sont considérées comme « sacrées ». On peut citer notamment :

  • Le Nombre d’Or (φ, phi ≈ 1,618)
    Utilisé dans l’art, l’architecture, et observable dans la croissance naturelle. Il est présent dans la hauteur des nefs, la disposition des arcs-boutants, ou la forme des rosaces.
  • La suite de Fibonacci
    Séquence mathématique qui reflète les spirales naturelles et l’expansion harmonieuse des formes.
  • Le Nombre Pi (π)
    Les cercles parfaits (dômes, vitraux circulaires, labyrinthe) y font appel naturellement. Dans les pyramides, certaines proportions permettent une incorporation cachée de π, vue comme une clé universelle.
Un plan, un compas ancien, un plafond décoré et un vitrail.

Usages de la Géométrie Sacrée

Symbolisme et spiritualité

Les formes géométriques ne sont pas seulement mathématiques ; elles sont chargées de significations symboliques et mystiques. Parmi les symboles majeurs de la Géométrie Sacrée, voici les plus importants, accompagnés de concepts auxquels ils sont rattachés :

  • Le point : Origine, unité, le Divin, début de toute création.
  • Le cercle : Infini, éternité, unité, perfection, le tout.
  • Le carré : la matière, la Terre, la structure.
  • La Vesica Piscis : Union des dualités, portail de création, symbole christique, symbole de l’intersection du spirituel et du matériel.
  • La Fleur de Vie : Structure de la création, matrice de la vie.
  • La Graine de Vie : Genèse, les 7 jours de la création.
  • Le Cube de Métatron : Ordre cosmique, les 5 solides de Platon, la protection.
  • Les solides de Platon : Éléments fondamentaux (terre, eau, feu, air, éther).
  • La spirale d’or : Croissance, développement, expansion naturelle.
  • L’Étoile tétraédrique (ou Merkaba) : Corps de lumière, ascension spirituelle.
  • L’Hexagramme (étoile de David) : Union du ciel et de la terre, masculin / féminin.
  • Mandala : Centre spirituel, méditation, reflet de l’univers.
  • Arbre de Vie (l’Arbre Sephiroth de la Kabbale) : Hiérarchie spirituelle, chemin vers la connaissance divine.

Usage spirituel et méditatif de la Géométrie Sacrée

Les symboles de la Géométrie Sacrée sont souvent utilisés pour :

  • L’alignement des chakras
  • Le travail énergétique
  • La visualisation méditative
  • La protection spirituelle
  • L’éveil de conscience

Applications concrètes de la Géométrie Sacrée

Au-delà de son usage purement spirituelle, la Géométrie Sacrée trouve aussi sa place dans des domaines plus ancrés.

  • Médecines traditionnelles : utilisation de figures sacrées en Ayurveda ou médecine chinoise.
  • Art et icônes religieuses : mandalas tibétains, vitraux, icônes chrétiennes.
  • Architecture sacrée : cathédrales gothiques, pyramides égyptiennes, temples hindous, dômes islamiques.

L’architecture est sans doute le domaine le plus représentatif de l’objectif recherché lorsque l’on parle de Géométrie Sacrée. En effet, elle n’a très souvent pas qu’un but esthétique ou structurel. Les bâtisseurs anciens n’étaient pas seulement des ingénieurs, mais pouvaient être aussi des initiés : moines, prêtres, mathématiciens mystiques, ou Compagnons. Leur travail visait à canaliser et amplifier l’énergie divine, à travers :

  • Le lieu d’implantation soigneusement choisi : réseaux telluriques (lignes de Ley), points d’énergie.
  • L’orientation des bâtiments : points cardinaux, dont l’alignement Est-Ouest, levers solaires, solstices, équinoxes, étoiles.
  • La vibration harmonique induite par les proportions, censée élever l’âme du visiteur. Cela visait à favoriser la contemplation, la guérison, la résonance intérieure.

Les grilles de construction des Grands Bâtisseurs

Le compas et la règle constituaient les seuls outils nécessaires aux bâtisseurs pour générer un plan complexe à partir de figures simples.
La tentative de « quadrature du cercle » (représenter le divin dans la matière) est au cœur des projets de temples et de cathédrales, souvent inscrits dans ces deux formes superposées ou combinées que sont le cercle et le carré.

Les bâtisseurs se sont beaucoup appuyés sur le Nombre d’Or et utilisaient principalement deux types de grilles :

  • Orthogonale : composée de carrés et ses subdivisions, elle permet de structurer les proportions de l’édifice. Carrés et doubles carrés étaient fréquents dans les plans de sol.
  • Radiale : issue de cercles concentriques et de lignes rayonnantes à partir d’un centre, elle donne un ordre cosmique à l’ensemble.

Ces grilles guidaient l’agencement des axes, colonnes, chapelles, et parfois même les vitraux ou les dalles au sol.
La Vesica Piscis constitue la base de la structure de nombreuses cathédrales. Elle permet de générer des proportions harmoniques pour les façades ou les plans.

Stonehenge, Temple de Karnak, Abbaye du Mont-Saint-Michel et Cathédrale de Chartres

Structures anciennes construites selon la Géométrie Sacrée

Des proportions millimétrées et des structures étudiées

  • Pyramides de Gizeh
    Leurs proportions sont fondées sur le « triangle 3-4-5 » (triangle pythagoricien). Le rapport entre la hauteur de la Grande Pyramide et le périmètre de sa base donne une approximation de π. La hauteur divisée par la demi-base donne presque Φ. Les pyramides sont alignées selon les étoiles de la ceinture d’Orion.

  • Temples grecs
    Ces structures sont basés sur la symétrie, la proportion dorée, l’octogone ou encore la spirale logarithmique (section dorée dans les colonnes).

  • Temples hindous et mandalas en Inde
    Ils sont construits selon le Vastu Shastra, qui utilise une grille carrée appelée Vastu Purusha Mandala. Divisée en 9×9 ou 8×8 carrés, chaque case représente une divinité ou une force cosmique. Le temple est conceptualisé comme un cosmos en miniature, avec un centre sacré (garbhagriha) relié symboliquement aux directions cardinales.

  • Cathédrales gothiques
    L’utilisation du Nombre d’Or, du triangle équilatéral, ou de la Vesica Piscis dans leur construction sont un grand classique. Les plans sont souvent tracés avec une grille modulaire en multiples de 12 (symbole d’accomplissement), de 7 (spirituel), ou 3 (trinitaire).

Quelques exemples concrets de bâtiments construits sur des grilles sacrées

  • Stonehenge (Angleterre)
    Ce temple mégalithique est une structure de pierres, disposées de manière bien précise. Il est basé sur des cercles concentriques, des divisions géométriques, et une orientation céleste qui ne peut être le fait du hasard.

  • Le Temple de Karnak (Égypte)
    Ses proportions sont codées selon les mathématiques sacrées. Ses espaces sont pensés pour canaliser les forces célestes. D’ailleurs, il est aligné sur les étoiles (Sirius).

  • L’Abbaye du Mont-Saint-Michel (France)
    Orienté selon des principes astronomiques, ses proportions sont basées sur le Nombre d’Or. De plus, sa conception en spirale ascendante symbolise l’élévation spirituelle.

  • La Cathédrale de Chartres (France)
    Elle est considérée comme un haut lieu vibratoire et figure comme site de pèlerinage énergétique. Ses plans sont fondés sur la Vesica Piscis. Ses cryptes sont alignées avec d’anciens lieux druidiques. Son labyrinthe au sol est basé sur la Géométrie Sacrée suivant une division harmonique de cercles concentriques.

  • La Cathédrale de Reims (France)
    Avec ses grilles géométriques fondées sur le carré long (1:√2), on retrouve également des rythmes mathématiques intégrés dans les hauteurs, fenêtres et voûtes. Elle véhicule un symbolisme alchimique et cosmogonique.
Cathédrale Notre-Dame-de-l'Apparition de Brasilia, Temple du Lotus, Eden Project et Centre Pompidou-Metz

Héritage contemporain et réintégration de la Géométrie Sacrée

Aujourd’hui encore, certains architectes, artistes et bâtisseurs utilisent ces principes :

  • Dans l’art visionnaire, le design, les mandalas contemporains, les jardins sacrés…
  • Dans la recherche de lieux à haute énergie (géobiologie), pour la conception de lieux de ressourcement, d’éco-villages ou de temples modernes.
  • Dans l’architecture bioclimatique ou écospirituelle, la permaculture sacrée, etc.

Des bâtiments modernes inspirés par la Géométrie Sacrée

  • La Cathédrale métropolitaine Notre-Dame-de-l’Apparition de Brasilia (Brésil)

    Elle a été conçue par l’architecte Oscar Niemeyer et l’ingénieur Joaquim Cardozo, spécialiste des ouvrages en béton.

    C’est un bâtiment de forme hyperbolique, composée de 16 colonnes incurvées formant une coupole circulaire. Le cercle central est entouré de vitraux évoquant une connexion céleste. Le plan au sol est inspiré du mandala, avec une structure radiale centrée. L’effet symbolique recherché est d’évoquer l’élévation vers la lumière et la symétrie cosmique.

    La cathédrale a été consacrée le 31 mai 1970.

  • Le Temple du Lotus (New Delhi, Inde)

    C’est l’architecte iranien Fariborz Sahba qui a conçu les plans de ce temple, pour l’Association Bahá’íe indienne.

    Le bâtiment est organisé autour d’un centre sacré circulaire, ouvert sur le ciel. Il représente une fleur de lotus entrouverte, composée de 27 pétales disposées en trois groupes de neuf (le 9 symbolise la perfection dans la foi Bahá’íe). Le lotus est un symbole de pureté indissociablement lié à l’esprit religieux en Inde. Sa structure évoque une spirale végétale et une croissance vers le haut. L’architecte a utilisé des proportions harmonieuses et joué avec la symétrie radiale.

    Le temple est officiellement ouvert au public le 24 décembre 1986 et est consacré au Dieu Un, à l’Unité de la Religion et de l’Humanité. Il a vocation a accueillir toutes les religions, aussi il ne s’y pratique pas de rite spécifique. C’est essentiellement un lieu de méditation.

  • L’Eden Project (Cornouailles, Angleterre)

    C’est un complexe environnemental conçu par Tim Smit et dessiné par l’architecte Nicholas Grimshaw, sur le thème de la nature et du développement durable. Il a été initialement créé pour démontrer la capacité d’utiliser la nature pour régénérer un site détérioré par l’activité humaine. Le projet met donc l’accent sur la préservation des ressources et l’apport de la diversité végétale à la vie humaine.

    Il est constitué de cinq dômes faisant fonction de serres abritant des écosystèmes tropicaux et méditerranéens. Ces structures sont donc basées sur des formes géodésiques (triangulation de sphères) de type Fuller. Les proportions sont liées au Nombre d’Or, dans les subdivisions. La symbolique derrière ce choix est de représenter l’union entre la technologie et les formes organiques de la nature. C’est aussi une évocation de Gaïa (la Terre comme organisme vivant), au travers d’une Biosphère sacrée.

    Le site a ouvert au public en mars 2001.

  • Le Centre Pompidou-Metz (France)

    Ce musée français a été conçu par trois architectes : Shigeru Ban, Jean de Gastines, et Philip Gumuchdjian. Sa toiture est inspirée de la structure hexagonale d’un chapeau chinois. Sa forme est basée sur une trame hexagonale, très présente dans la nature (alvéoles d’abeille). L’hexagone est une figure harmonique liée à la Vesica Piscis, au nombre 6, et aux structures naturelles.

    Cet établissement a ouvert ses portes le 12 mai 2010.

  • La Sagrada Família (Barcelone, Espagne)

    Il s’agit d’une œuvre inachevée de l’architecte Antoni Gaudí. Le chantier a débuté en 1882 et est toujours en construction. En effet, il s’agit d’un temple expiatoire, aussi les travaux sont exclusivement financés grâce à l’aumône.

    La Géométrie Sacrée y est omniprésente. Les formes sont inspirées de la géométrie naturelle (spirales, fractales, arbres, coquilles). Ses plans et élévations sont basés sur la symétrie dynamique, les polyèdres réguliers (tétraèdre, icosaèdre). On peut observer l’usage de sections d’or dans les tours et les voûtes. L’ouvrage est doté d’arcs paraboliques et de voûtes hyperboliques (géométrie naturelle et sacrée combinée). La basilique est conçue comme un organisme vivant, tourné vers le ciel.

    Cette dernière a été consacrée par le pape Benoît XVI le 7 novembre 2010.

La Géométrie Sacrée n’est pas juste une superstition ancienne, mais un langage universel qui unit mathématiques, art et spiritualité. Les bâtisseurs de temples, de pyramides ou de cathédrales ont utilisé ces grilles non seulement pour construire des monuments, mais aussi pour créer des espaces vibratoires capables d’éveiller l’âme et de refléter l’ordre cosmique sur Terre.

Ainsi, l’architecture peut être une prière cristallisée dans la pierre, un acte d’alignement entre Ciel, Terre et Homme. De plus, la Géométrie Sacrée n’est pas figée dans le passé : elle ré-émerge de nos jours, souvent sous des formes technologiques, écologiques ou spirituelles.

Qu’il s’agisse de temples modernes, de lieux culturels, ou de logements écologiques, elle est utilisée pour :

  • Créer des espaces harmonieux et équilibrés
  • Faciliter des expériences sensorielles et spirituelles
  • Reconnecter l’humain à la nature, au cosmos, et à lui-même.

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